photo de st andre.


blason.
blason.



Patrimoine historique et architectural
public et privé de St Andre d'Olerargues








___ Eglise Romane ___


eglise.
Etude patrimoniale de l’église Romane
















REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE

BESSAC J.-C. J. PECOURT.
Remarques sur les techniques de construction de second art roman, à propos de Saint-André-de-Souvignargues (Gard) Archéologie du Midi médiéval Année 1995 Volume 13 Numéro 1 pp. 91-122

BESSE J.-M. Révérend père Dominicain
ARCHIVES DE LA MEMOIRE MONASTIQUE VOL. XII. ABBAYES ET PRIEURÉS DE L’ANCIENNE MEMOIRE Recueil historique des Archevêchés, Évêchés, Abbayes et Prieurés de Mémoire PROVINCES ECCLÉSIASTIQUES D’ALBY, DE NARBONNE ET DE TOULOUSE PARIS. JOUVE & Os ÉDITEURS 15, rue racine en 1911.

CHARPENTIER Louis 1966. Le mystère de la cathédrale de Chartres – R Laffont

CHRISTE Yves – Cluny et le Clunisois- Eglises romanes – Institut de l’Histoire de l’Art du Moyen Age. 1967

DAVY Marie-Madelaine– Initiation à la symbolique romane. Flammarion 1988

GRANGE Henri. 1911. SOMMAIRES DES LETTRES PONTIFICALES concernant, le Gard émanant des Papes d’Avignon XIV° Siècle. Ed CHASTANLELI 12, rue Pradier, NIMES.

LEMONDE Jean-Paul – L’Ombre du Poteau et le Carré de la Terre.

MEMOIRE DE L’ACADEMIE DU GARD.--- Année 1808.
MEMOIRE DE L’ACADEMIE DU GARD. --- Année 1875.
MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE DE VAUCLUSE. — ANNEE 1893.
MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE DE VAUCLUSE. — ANNEE 1901.
MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE DE VAUCLUSE. — ANNEE 1903.

OURCEL Raymond – Invention de l’Architecture Romane – Zodiaque 1986

ROMAN Chanoine. Verfeuil 1894.
ROMAN Chanoine. St André d’Olérargues 1901.

VINCENOT Henri. 1988 Les Etoiles de Compostelle - Folio

Archives communales. Entre autres : Comptes rendus des conseils communaux

Archives paroissiales Entre autres : Comptes rendus du conseil de Fabrique

VIOLLET-LE-DUC Eugène.
Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle.


Objectif de cette étude


L’objectif de cette étude est de réhabiliter la place et faire découvrir l’église romane du village qui a été oubliée et négligée, sur le plan étude architecturale et historique par pratiquement tous les auteurs qui ont étudié les édifices romans de la région de Bagnols sur Cèze. Peut-être que cet oubli a existé de tout temps et a, ainsi, permis à cet édifice d’être encore debout aujourd’hui malgré les guerres de religions et (encore pire) les « modernisations » du XIX° siècle que n’ont pu s’empêcher de faire les habitants de cette époque. Cette église est aujourd’hui, enclavée dans le bâti des deux siècles derniers, c’est donc de l’intérieur qu’on la « voit » le mieux.



A la fin de cet exposé vous ne verrez plus l’église avec le même œil.

Le Moyen Âge nous a légué les églises, abbayes et cathédrales préromanes, romanes et gothiques. Elles seules possèdent probablement encore le souvenir de la spiritualité et des croyances du Moyen Âge et ce sont elles qui retiendront notre attention.

Au niveau de la datation, on notera une énergie constructrice considérable entre le XI et XIIe siècle, avec une pointe entre la fin du XIe et le début du XIIe siècle. En effet, un grand nombre de ces constructions, voire la majorité ont été construites ou entamées pendant cette période.

La pureté des formes, l'harmonie des lignes des églises médiévales procurent en général à ceux qui les regardent un sentiment admiratif plus ou moins durable. Le visiteur, suivant sa sensibilité, portera attention à l'architecture, détaillera tel ou tel chapiteau ou tympan ou se laissera envahir par l'ambiance du lieu. Pourtant après quelques instants, convaincu de bien connaître le bâtiment, d'avoir tout vu, tout compris, il partira.
Du « livre de pierre » il n'aura bien souvent qu'effleuré la « couverture », sans même avoir eu l'idée de « l'entrouvrir » pour prendre connaissance du message qui est là, caché, enfoui au cœur du bâtiment par ceux qui, un jour, l'érigèrent.

Les églises, en effet, furent conçues pour instruire, pour faire connaître aux hommes ce que pouvaient leur apporter les Ecritures et les aider à développer leur spiritualité. Pas seulement pour les abriter des intempéries pendant leurs prières. En ce sens elles peuvent être comparées à des livres, des livres de pierres où furent déposés les connaissances et le savoir religieux et ésotérique de leurs bâtisseurs.

Toutefois, dépositaires d'une culture de l'oral, elles ne laissent que rarement apercevoir les messages qu'elles recèlent. Leur conception symbolique réclame une démarche active pour qui veut les comprendre, et de ce fait, il est bien rare de lire en elles « à livre ouvert ». Rejoignant les pensées ésotériques de l'époque, il faut bien admettre que ces livres sont « fermés », et donc gages du meilleur enseignement qui soit puisque leur compréhension réclamera, à tout instant, une démarche personnelle.


Nous allons donc parler de l’église romane de St André d’Olérargues.


Pour cela nous allons aborder les sujets suivants : le vocabulaire, l’histoire, les mathématiques, l’architecture, le symbolisme et l’astronomie, entre autre. Cette étude n’a rien de religieux, cependant l’église a été construite sous la direction de religieux et plus particulièrement par des moines Bénédictins.

Pour reconstituer le mode de construction des églises médiévales, c’est-à-dire la logique religieuse qui a présidé à la définition de leurs lignes principales, les éléments de réflexion ou d’étude semblent bien minces.

Fort heureusement, l’église est encore là !


Que sait-on de cette église ?


Nous connaissons aujourd’hui le processus, le mode de construction des églises romanes. Ce mode de construction a été largement étudié et décrit par de nombreux historiens et ayant à notre disposition le résultat final il est relativement facile de reconstituer la démarche des constructeurs.

Nous étudierons et aborderons entre autres les sujets suivants :

Le contexte historique.
La tradition compagnonnique.
Les connaissances techniques de l’époque.
Le mode de conception.
L’orientation des églises.
Les symboles.
Le mode de construction.
Les outrages du temps et des hommes
Le cas du XIXe Siècle.
Conclusion.

eglise.


LE CONTEXTE HISTORIQUE.

Préambule

A partir de l'an mil, le calme relatif règne sur l'Europe, les grandes invasions ne sont plus qu'un mauvais souvenir, une certaine aisance sociale, certes relative aussi, existe enfin. La Chrétienté connaît alors, et pour près de trois siècles, en même temps qu'un immense élan religieux, une explosion démographique inconnue depuis lors. Des églises sont construites, ou agrandies, en nombre toujours plus grand. Le moindre village se dote d'un sanctuaire. Les communautés monastiques s'étendent et fondent de nouvelles congrégations. Les églises, abbayes et monastères, qui sont parvenus jusqu'à nous, donnent un aperçu tangible de ce que fut, à cette époque, la "fièvre" de bâtir pour honorer Dieu et ses saints.

Ainsi l'abbaye de Cluny, en Saône-et-Loire, fut fondée en 909.

Cluny est le symbole du renouveau monastique en Occident.
Sa construction est achevée au milieu du XIIème siècle, au moment de son apogée. Pendant cinq siècles, jusqu'à la construction de Saint-Pierre de Rome, l'abbatiale de Cluny est le plus grand édifice religieux d'Europe (177 m de long). Plusieurs papes en sont issus. L'abbaye fut un centre intellectuel et technique de premier plan au Moyen Âge.

Pourquoi parler ici de l’abbaye de Cluny ?

Nous trouvons dans le Mémoire de l'Académie de Vaucluse de 1901 une publication de l’historien Léon-Honoré LABANDE traitant, à la page 219, d’une liste de donation à l’Abbaye de Cluny. Ainsi peut-on y lire que l'archevêque d’Aix, Géraud d'Uzès, cède à la toute jeune abbaye des bénédictins de Cluny, des biens personnels situés sur l’évêché d’Uzès, situés au nord de l'Uzège :
En 946 une église située sur l’actuelle commune de Saint André d'Olérargues et un manse « in villa Sevanis » qui était aussi sur le territoire de Saint André d'Olérargues, ce manse légué était traversé par le ruisseau du Merlançon (quartier actuel de Clapeyret). Dixit la Chartes de l'abbaye de Cluny, n° 693.

Donc, tout ou partie de la commune est cédé à l’abbaye de Cluny dès 946. Les terres sont cultivées et mise en valeur par les moines au profit de l’abbaye.
C’est beaucoup plus tard, au XIIIe siècle, suite au déclin des Clunisiens, que le fief devient la possession de seigneurs locaux restant toutefois sous la suzeraineté de l’évêque d’Uzès au moins jusqu'en 1715.

Une communauté de Bénédictins s'établit à Saint-Saturnin-du-Port (Pont St Esprit) sous l’autorité du monastère de Cluny. Les prieurs, seigneurs du lieu, construisent l'église Saint-Pierre, rebâtissent Saint-Saturnin et favoriseront la construction du pont du Saint-Esprit.
Ils cultivent et mettent en valeur les donations locales qui leur ont été faites, et notamment celles de Olosanicis (St André d’Olérargues). Comme nous le verrons ces précisions sont importantes pour comprendre la filiation de l’église de St André d’Olérargues aux bénédictins de la grande abbaye de Cluny.

Remarques concernant la filiation du village à "Saint André".

Nous apprenons aussi que le Pape Grégoire XI (1331/1378) qui réside en AVIGNON à cette époque, est né en Lozère à Pont de Montvert, c’est un languedocien qui connait la région et la langue.
Henri GRANGE en 1911, ancien chapelain de Saint- Louis des Français, cite la lettre suivante dans un ouvrage intitulé : SOMMAIRES DES LETTRES PONTIFICALES concernant le Gard (anciens diocèses de Nîmes, d’Uzès et parties d’Avignon et d'Arles) émanant des Papes d'Avignon XIV° Siècle. PUBLIÉ PAR IMPRIMERIE GLAVEL ET CILASTANMER 12, rue Pradier, 12. NIMES

Extrait du texte de la lettre de Grégoire XI :
« Collatio prioratus de OLOSANICIS ordinis, S. Augustini Nem. diœcesis abbas ecclesia Nem. dep. et perpeluus bonse mémorise GUILLELMI episcopus Ostiensi cardinalis obitus vacans, pro PETRO tituli S. Praxedis presbyter cardinalis cum dispensât, sup. incompatibilitate beneficium — Avenione. III Idus. Oct. 8 oct. 1373 (A. XVIII, f. 330) »
Il y est question de régler la primauté de la collation (Droit de conférer le bénéfice ecclésiastique financier). Le sujet n’est pas important pour nous, ici. Ce qui est intéressant, c’est de constater qu’en 1373 le pape désigne le village sous le nom d’OLOSANICIS seul.

Cependant, on trouve dans le texte de la reconnaissance à l’évêque d’Uzès, que fait Dame Hermessinde épouse de feu Guillaume de Maltortel le II des calendes d’Août 1260, la désignation du village en « sancto andrea de oleirarnicis».

Nous reparlerons de tout ceci plus avant dans cette étude.

LES RÉFÉRENCES ANTIQUES

eglise.

Depuis l'antiquité, la demeure de la ou des puissances supérieures, celle des dieux, a de tout temps, été située dans les nuées, au ciel, au moins pour le dieu suprême. Dans la pensée grecque, Zeus, premier des dieux, siège sur l'Olympe, au-delà des nuages.

La question majeure, pour l’architecte d’un temple a toujours été celle de son implantation : quel doit être la localisation d’un lieu sacré ?
À l’évidence, celui-ci doit, d’une certaine manière refléter le monde divin… Aussi le but de toutes constructions sacrées est-il d’organiser et d’exposer aux hommes les symboles du divin présents dans la nature et cela dans tous les domaines du sensible : cosmique, géométrique, arithmétique, poétique…

Qu’elles soient, sumérienne, égyptienne, hébraïque, grecque ou romaine, aucune de ces civilisations n’a échappé à cette logique. Toutes, d’une façon ou d’une autre, ont lié le plan de leurs temples au cosmos, expression de la puissance divine par excellence, et ont tenté de résumer au mieux dans leur œuvre l’extraordinaire manifestation de la création.

Le soleil a toujours joué un rôle important. Il est d’abord image de la lumière et de la chaleur divine. Sa course exprime le fascinant mystère de la naissance et de la mort toujours répété et, de plus, il rythme le temps et permet de définir l’espace.
Ainsi, par exemple, les Romains orientaient leurs constructions grâce à des mesures solaires réalisées à l’aide d’un gnomon (pieu) placé au centre de ce qui allait devenir un camp, une ville ou un temple. Ce gnomon figurait l’axe du monde et la relation Terre-Ciel. À sa place, plus tard, serait érigé un autel ou un temple. Après avoir effectué divers tracés géométriques sur la base des relevés solaires, les Romains déterminaient ensuite les axes du camp ou de la ville (cardo et décumanus – nord/sud et est/ouest) ainsi que la position de la future enceinte. Le camp ou la ville se trouvait ainsi placé sous la protection divine.

Pour résumer, dans l’Antiquité :

- Dieu (ou un dieu) ne pouvait être représenté que par l’image de Son œuvre : la Création.
- Un gnomon (pieu vertical projetant l'ombre du soleil) était érigé au point où devait être placé l’autel ou le temple. Il constituait un axis mundi (axe du monde) et symbolisait la liaison entre la Terre et le Ciel, telle une antenne.
- Le soleil, image de la puissance divine permettait d’orienter l’espace sacré.
- Axes et enceintes de construction étaient déterminés grâce à un tracé géométrique au sol.


LA TRADITION COMPAGNONNIQUE

eglise.

Ce sont des ouvriers et des artisans regroupés en confréries qui participaient à la construction des églises, cathédrales et aussi les châteaux forts. C’était des compagnons bûcherons, menuisiers, maçons, tailleurs de pierres etc., qui parcouraient le pays seuls ou en communauté à la demande des maitres d’ouvrages pour construire les grands édifices.

Ces organisations d'ouvriers et d'artisans se sont créées dès les origines de ces métiers. L'étude comparée des religions et des traditions des différents pays du monde semblent montrer que ces artisans se sont transmis des connaissances plus ou moins secrètes, de génération en génération, depuis la plus haute antiquité. On en trouve des traces dans l'Égypte antique et dans l'antiquité romaine, par exemple.

Les compagnons font remonter traditionnellement leur ancienneté à la construction de temple de Salomon.
La tradition des “compagnons“ transmet, dans un langage parfois obscur, quelques indications sur l’ancien mode de fondation des édifices religieux.
Cette tradition puise certaines de ses références dans la tradition antique ou/et biblique.

La légende du Graal.


Chrétien de Troyes puis Robert de Boron (écrivains du XII° Siècle) mettent par écrit, une légende de tradition orale. Ce sont des textes concernant Joseph d’Arimathie, la légende du Graal et la légende arthurienne.
Dans ces textes le Graal est à la fois la coupe que Jésus utilise lors de la Cène et le vase où Joseph d'Arimathie a recueilli le sang du Christ sur la croix.
Joseph, emprisonné par les romains, sera ensuite libéré de sa prison et partira en Bretagne avec le Graal. Ajoutons que cette légende est basée sur L’Evangile apocryphe de Nicomède écrit au IVe siècle, donc postérieur aux Evangiles canoniques, seuls reconnus par l’Eglise de Rome.
Dans ces écrits, il est question de trois tables voulues par Dieu représentant les fondements de l’institution du Graal, chacune à une époque différente. Il y est retranscrit le texte oral suivant :

« Trois tables ont porté le Graal : une table rectangulaire, une table carrée et une table ronde toutes trois ont même surface et leur nombre est 2 – 1 »

Le « nombre 2-1 » attribué aux trois tables semble contredire l’affirmation selon laquelle elles ont même surface. Il paraît plutôt naturel de penser que 2 tables ont une surface de 1 et 1 table a une surface de 2.

Observons au passage qu’au moyen-âge les pères de l’Eglise n’ont pas décelé dans la littérature consacrée au Graal le moindre parfum d’hérésie. Bien au contraire.

La table rectangulaire est La Table de la Cène qui a accueilli le Christ pour son dernier repas avec les Apôtres.
La table carrée est la Table voulue et imaginée par Joseph d’Arimathie au fond de sa prison pour porter le Graal.
La Table ronde c’est la Table pour recevoir le Saint Graal en Bretagne (les chevaliers de la table ronde),
Il faut considérer ces trois tables comme une progression mystique dont nous reparlerons.

Le Graal devient ainsi le Saint Graal, relique de la Passion et vase mystique. Le Graal conférait bien des privilèges, entre autre celui d’être en cohabitation directe avec Dieu.

Nous allons retrouver la symbolique des trois tables dans le tracé des églises.

LES SYMBOLES DANS LA CONSTRUCTION.

Il est possible de distinguer deux classes essentielles de symboles, celle qui se réfère à des objets ou des données physiques et celle qui met en œuvre des concepts plus abstraits tels que les nombres ou les formes.

Pour la première classe, celle des objets, attardons nous plus particulièrement sur le sens à accorder à des symboles comme celui de la montagne, celui de la grotte, de l'arbre et à des images comme celles des quatre éléments que sont la Terre, l'Air, l'Eau et le Feu.
Les symboles de la Mère génitrice, de la terre fertile et par extension de la grotte expriment depuis la nuit des temps l'apparition de la vie et les potentialités de la création, de la germination des plantes, à la naissance de chaque être humain. Les grottes préhistoriques décorées, de même que l'intérieur obscur des églises romanes en passant par les temples égyptiens creusés dans la roche, tous ces lieux de cultes en sont le reflet.

L’église romane n'est sombre que pour permettre à la lumière intérieure de naître.

L’église est un reflet du monde divin. Si Dieu est inexprimable, en revanche son Être peut être rendu perceptible au travers des réalités qu’il a créées… Le but de l’art sacré est d’organiser en un ensemble cohérent les symboles du divin qui sont répandus dans la nature et cela dans tous les domaines du sensible : cosmique, géométrique, arithmétique ...

Bien des éléments de la nature bénéficient ainsi d’une sorte de double “personnalité“.


- L’arbre comme le pieu, ou la colonne, exprime la relation qui lie la terre au ciel.
- La montagne d’une certaine manière confine au ciel et donc au monde divin.
- Le soleil reste la plus extraordinaire manifestation de la puissance divine par sa perfection de forme, de rythme et sa lumière.

La deuxième classe de symboles, ce sont les nombres et les figures géométriques. Elles ne sont, aussi, que l’expression de notions plus profondes :

-Le cercle est avant tout image de la voûte céleste et donc du Ciel, et par extension du Paradis céleste.
- Le carré, figure parfaitement mesurable, a de tout temps, représenté notre Terre, mais notre Terre parfaite. Le Paradis terrestre de la Bible était de forme carrée.
- Le rectangle c’est notre Terre imparfaite, dissymétrique avec la dualité : le bien le mal, le beau le laid etc.
- Le pentagone vu comme un pentagramme. Dans l’Antiquité le pentagramme était le symbole de Pythagore et de ses condisciples. Pour lui, il symbolisait l'harmonie, la santé, la beauté, la perfection et le commencement. Pour les gnostiques du II° siècle, il symbolisait l'eau, le feu, la terre, l'air et la lumière astrale. Pour les premiers chrétiens le pentagramme symbolisait les 5 plaies du Christ : les quatre stigmates dus à sa crucifixion et la blessure au côté due à la lance de Longinus. Il symbolise aussi l’Homme Debout. Le pentagramme est le symbole des cinq grands principes: Amour, Sagesse, Vérité, Justice et Vertu. Ce sont les cinq qualités que l'homme doit cultiver en lui pour devenir parfait.

Les Grecs et Pythagore ont largement développé le sens et le mystère des premiers nombres. Nous évoquerons plus loin la symbolique des nombres lorsque nous aurons mis en évidence ceux concernant l’église.

Gardons à l’esprit que les églises médiévales sont une représentation de l’Univers et que tout (formes, dimensions, décors…) porte un sens symbolique du religieux !



CONNAISSANCES TECHNIQUES DE L’EPOQUE

eglise.

Pour mener à bien leur entreprise de construction, les hommes de l'an mil possèdent un bagage technique et culturel assez peu différent de celui dont disposaient les romains, eux-mêmes héritiers des Etrusques, des Grecs et des Egyptiens ; les nouveautés matérielles ou intellectuelles étant quasiment inexistantes.
Mais un certain nombre de données leur étaient inconnues et contraindra le savoir-faire des maîtres d'œuvre.
Trois des réalités de l'époque médiévale méritent une attention particulière car elles constituent le cadre matériel pratique.

Première contrainte, le papier, notre moderne papier, n'existe pas en Occident. Depuis la disparition de la civilisation romaine, qui connaissait le papyrus importé de ses colonies égyptiennes, les seuls supports susceptibles de recueillir des signes écrits sont les tablettes de cire, les plaquettes de bois et le parchemin en peau de mouton. Le parchemin, constituera le support privilégié de l'écriture jusqu'à ce que les contacts militaires des croisades fassent connaître aux occidentaux le papier, invention arabe, qui apparaît modestement en Europe à partir du XIIe siècle et ne prend un développement notable qu'à la Renaissance.

Si le parchemin présente certains avantages par rapport au papier, dont celui de mieux résister au temps, à l'inverse il ne permet que difficilement la réalisation des grandes surfaces non déformables nécessaires à la réalisation des dessins architecturaux de grandes dimensions.
Cette réalité pourrait, à elle seule, suffire à expliquer l'inexistence de plans et schémas de construction pour les édifices que nous connaissons.
En raison de l'impraticabilité d'usage du parchemin, une seule solution restait disponible à ceux qui voulaient réaliser une œuvre architecturale, celle de tracer, en vraie grandeur, ses contours ainsi que les repères nécessaires au travail des compagnons maçons, sur un sol préalablement rendu plan. Il est probable, d'ailleurs, que les termes de « plan », de « tracer un plan », trouvent leurs origines dans cette ancienne méthode opératoire.

Deuxième contrainte, il faut savoir que les architectes de cette période ne connaissaient pas les « chiffres arabes ». Cette notation a été introduite qu’après les croisades. En 1300, ils sont encore partout interdits, y compris dans la comptabilité privée des banquiers et marchands florentins. Seuls étaient utilisés les chiffres romains.

- Le zéro n’existait pas. - La virgule n’existait pas, donc pas de nombres décimaux. Seulement des nombres fractionnaires.
- Le calcul de la racine carrée avec décim
ales n’existait pas.

S'il sait enchaîner, sur un même tracé, des figures géométriques complexes, notre homme de l'an mil sait aussi leur faire correspondre, comme le firent Platon ou Pythagore, une résonance symbolique arithmologique. Les philosophes grecs attachaient, en effet, une extrême importance aux Nombres comme leurs maîtres égyptiens le leur avaient transmis, Nombres pris, au premier chef comme support de réflexion et manifestant des idées d'essence divine.

L'expression la plus pure, la plus profonde de la Connaissance ne pouvait se traduire, pour nos anciens, que par les Nombres, aussi l'Arithmologie, ou philosophie des Nombres, donna-t-elle matière à de larges développements.

Connaissant la géométrie ainsi que les principes et règles arithmologiques, l'homme roman disposait de l'ensemble des registres d'expressions offerts par la symbolique attachée aux Nombres et aux figures géométriques, pour transcrire dans la ·pierre, ses connaissances, ses croyances ainsi que les messages spirituels qu'il pouvait souhaiter faire partager à l'Humanité.

Unité de mesure de l’époque.
mesure.
mesure.
eglise.
Cependant si le rapport entre ces diverses mesures était toujours le même la valeur de base,
du pied par exemple, pouvait varier en fonction
des régions et des époques.

Différentes valeurs du pied utilisées à cette époque.
eglise.
Le contrôle des dimensions de l’église

Des mesures ont été réalisées au télémètre dans l’église. Ces dimensions relevées divisées par les différentes valeurs de pieds utilisés à l’époque ont permis de déterminer, pour chaque relevé, un nombre entier de pieds correspondant seulement à la valeur du pied romain. Quelques exemples : la longueur totale intérieure 55 pieds, la longueur des travées 20 et 25 pieds, la largeur de la nef 18 pieds, le rayon de l’abside 7 pieds, la hauteur de la voûte 30 pieds … etc.

C’est donc bien le pied romain qui est le module de construction.

Cette information nous apprend deux choses :

- La première c’est que l’église n’a pas été construite après le XII° siècle car c’est au cours de ce siècle que le pied romain a été définitivement abandonné. - La deuxième c'est que l’abbatiale de Cluny a été aussi construite avec la même valeur de pied qui n’était pas une mesure courante. Ceci tend à confirmer que ce sont bien les clunisiens (si on en doutait encore) qui sont à l’origine de la construction de l’église actuelle de St André d’Olérargues.


Quelques définitions de termes que nous allons utiliser.

Vocabulaire astronomique



Equinoxe : Étymologiquement, le terme équinoxe provient du latin æquinoctium, et de æquus (égal) et nox, noctis (nuit). Ceci parce qu'à l'équinoxe jour et nuit ont une durée identique. On appelle dans l'hémisphère nord équinoxe de printemps l'équinoxe de mars et équinoxe d'automne celui de septembre.

Solstice : Le terme solstice vient du latin solstitium (de sol, « soleil », et sistere, « s'arrêter, retenir »), faisant référence à l’azimut du Soleil à son lever et à son coucher semble rester stationnaire pendant quelques jours à ces périodes de l'année, avant de se rapprocher à nouveau de l'Est au lever et de l’Ouest au coucher.

Zénith : Point dans le ciel ou le soleil semble le plus haut pour une date donnée.


Vocabulaire architectural

.

Abside et sa voûte en cul de four : Extrémité orientale du chœur de l'église, souvent semi-circulaire.

Absidiole : petites absides secondaires autour de l’abside.

Arc Plein cintre : c’est un arc composé d'un demi-cercle.

Arc triomphal ou triomphant : arc qui se trouve à l'entrée du chœur entre la nef et l’abside. C’est aussi l’arc qui supporte à l’origine le clocher.

Arc doubleau : Ils délimitent les travées et supportent la voûte.

Arcs de décharge : arcs supportant l’appui de la voûte. Il permet aussi d’alléger visuellement et concrètement le mur d’appui.

Cœur : partie orientale de l’église qui commence après l’arc triomphant.

Contreforts : Massif de maçonnerie élevé en saillie, à l’extérieur contre un mur pour l’épauler, assurant la stabilité d'un édifice. Ici les contreforts sont partiellement noyés dans les constructions ajoutées (chapelle et presbytère.

Nef et les travées : Partie longitudinale de l’église, entre la façade et le cœur, où se tiennent les fidèles.

Point sacré : point d’implantation de l’autel et point de départ de la construction de l’église.

Transept : Nef transversale coupant la nef principale et donnant au plan l'aspect d'une croix latine. Dans l’art roman le transept est apparu tardivement et est devenu une habitude à la renaissance. Dans cette église il a été ajouté au XIXe siècle.

Voûte : recouvrement intérieur en pierre d'une partie d'un édifice; on dit aussi le berceau.
eglise.

MODE DE CONCEPTION

eglise.
Gravure extraite du Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle d’Eugène Viollet-le-Duc


La reconstitution du processus de fondation, résulte de la mise en perspective des diverses informations disponibles et des études menées, par un grand nombre de chercheurs et d’historiens sur un grand nombre d’églises de la période médiévale. Les éléments apparemment disparates issus des diverses traditions trouvent là leur cohérence.

Ces travaux ont montré que les églises des périodes préromane, romane et gothique furent conçues sur les mêmes bases architectoniques (science et technique de la construction) “religieuses“ et que seuls diffèrent les techniques et les styles de construction.

Elles montrent également que ces principes religieux restèrent inchangés pendant plusieurs siècles, alors que dans le même temps dogme et liturgie ne cessaient d’évoluer !
Puis un jour, aux environs du XIIIe siècle, le décalage entre tradition et religion fut trop important… Les principes religieux de fondation, vidés de leur sens, furent alors abandonnés.

Examinons, dans la tradition ancienne, chacune des étapes conduites par le Maître Architecte pour définir un nouveau sanctuaire.



NOMBRE DE FONDATION

Toutes les églises sont placées sous la protection particulière d’un saint. À ce patronage sont associés deux concepts particuliers. L’un est une date : le jour de la fête du saint – l’autre est un nombre : le Nombre de Fondation qui avait certainement à l’époque un sens symbolique et religieux en rapport avec le saint concerné ou la nature de la dévotion qui lui était portée. Nous appellerons ce nombre F. Il peut être comme nous allons le voir, retrouvé par le calcul.

Par exemple, Notre-Dame de Chartres dont la fête est le 15 août a 1024 pour Nombre de Fondation. Cette valeur est égale au nombre 2 élevé à la puissance 10 = 1024. Point n’est besoin d’une longue explication pour voir en ce Nombre l’image parfaite de Notre-Dame, le 2, symbole de la Mère, est élevé à la puissance 10, or le nombre 10 est l’ancienne traduction de la perfection terrestre.

Par une méthode qui reste à comprendre mais qui, là encore, procède probablement d’un raisonnement symbolique, le Nombre de Fondation est décomposé en trois Nombres :P, 2a et L. Ces trois Nombres, dont la somme vaut F, sont exprimés en modules de fondation (pied romain pour notre église) produisent des longueurs qui permettent de fixer les éléments primordiaux du tracé de l’église.

P correspond à la hauteur d’un Poteau, 2a à la longueur du grand côté d’un Double carré et L à la longueur interne de l’église.
Ainsi, F = P + 2a + L
Le Nombre de fondation de St André d’Olérargues est = 20 + 48 + 55 = 123

Les dimensions exprimées en pieds romain.

Nous y reviendrons lorsque nous aurons retrouvé toutes ces dimensions.



ORIENTATION

Dans la pensée collective, les églises romanes sont dirigées vers l’Est, pour soit viser l’endroit où le soleil se lève le jour de la fête de leur saint patron ou soit être tournée vers la ville de Jérusalem, qui est ... par là ... quelque part à l’Est on ne sait pas exactement où.
Cette deuxième affirmation n’a pas grand sens. Elle voudrait considérer, que les églises furent construites dans la direction de Jérusalem, lieu saint chrétien par excellence. C’est oublier qu’à l’époque, personne ne savait vraiment où placer Jérusalem car personne ne pouvait apprécier les longitudes. C’est oublier aussi que l’attention portée aux lieux saints ne connut une réelle vigueur qu’au moment des croisades, c’est-à-dire après le XIe siècle !

Cependant, globalement elles pointent toutes (ou presque) vers le demi cadran Est. Certes, quelques-unes montrent l’Est vrai, mais le phénomène semble presque accidentel !

Rappelons qu’en France, le soleil se lève dans des directions qui dévient au plus de 35 degrés par rapport à l’Est (+35° Nord/est en été, –35° Sud/est en hiver).

A St André d’Olérargues, comme son nom l’indique le Saint Patron est St André. Mais la question que l’on peut légitimement se poser c’est : est-ce le Saint d’origine ?

Il est possible que le nom du saint lui ait été accolé après le départ des clunisiens.
Comme nous l’avons vu précédemment en 1373 le nom de St André n’apparaissait pas.
Cependant, on trouve dans le texte de la reconnaissance à l’évêque d’Uzès, que fait Dame Hermessinde épouse de feu Guillaume de Maltortel le II des calendes d’Août 1260, « sancto andrea de oleirarnicis». Donc le débat n’est pas clos.

Un relevé avec une boussole indique une orientation Nord/Est de 9°.

eglise.
Etude du relevé solsticial
eglise.

Schéma des hauteurs du soleil suivant les saisons

eglise.

Le schéma ci-dessus, issu du site internet www.SunEarthTools.com, représente pour un lieu donné les 360° de son horizon avec la position des solstices et équinoxes. Concernant le lever du soleil, sur la partie droite du schéma, les graduations permettent de retrouver la date dans l’année correspondant à l’angle de l’orientation d’un lieu.

Ce schéma permet aussi de connaître l’angle d’élévation du soleil à une date précise. Si l’église devait être orientée vers la Saint André qui est fêtée le 30 novembre elle devrait être tournée de 20° en direction du sud/est. Or c’est loin d’être le cas.

Par contre, ce relevé solsticial nous apprend que l’église est orientée vers deux dates caractéristiques proches : le 8 septembre Fête de la nativité de la Vierge Marie et le 4 avril Fête de l’Annonciation qui est l'annonce faite à la Vierge Marie de sa maternité divine par l’Archange Gabriel.

De là, à en déduire qu’à l’origine l’église était dédiée à la Vierge Marie, il n’y a qu’un pas, d’autant plus que nous verrons que de nombreux symboles dans l’église lui sont attribués.

LE POTEAU

La création d'un sanctuaire religieux suppose qu'au préalable le lieu de construction ait été bien choisi.
La localisation de la future église ne devait rien au hasard, soit qu'il s'agisse de remplacer quelque temple ''païen" ancien, soit de la placer au "meilleur" endroit pour qu'elle réponde à sa vocation.

Le simple fait que les religions successives aient toutes puisé dans le même fond symbolique rend vraisemblable l'usage de critères similaires d'implantation.

La symbolique attachée à la montagne, explique, à elle seule, maintes localisations, ou sur un rocher, un simple monticule ou un replat dominant de quelques mètres le proche voisinage

Les sources, les passages de rivières souterraines et assez naturellement les carrefours des anciennes voies romaines fournissent un vaste complément de sites qui reçurent une préférence marquée de la part des maîtres d'œuvre. Dans notre cas c’est sur le sommet du serre (crêtes formées par le dépôt cénomanien) où a été implantée l’église et ensuite le village.

Certains auteurs proposent que la localisation des églises ait été guidée par l'existence de courants telluriques favorables. Si rien ne s'oppose à de telles vues qui resteraient en accord avec le souhait de mettre les sanctuaires en harmonie avec l'Univers, et donc forcément avec la réalité terrestre, il s'avère pour l'instant difficile, en l'absence de moyens objectifs de détection, de confirmer ou d'infirmer cette hypothèse.

Non seulement il a fallu choisir l'emplacement de l'église, mais, de plus, définir avec précision l'endroit où serait placé l'autel, puisque, rappelons-le, c'est en ce point précis, Point Sacré s'il en fut, que la relation avec Dieu devait avoir lieu.

Supposons donc, qu'une église soit à bâtir en un lieu déterminé, que l'endroit appelé à devenir le point sacré, le Saint des Saints, ait été défini avec soins probablement par un religieux détenteur du "Savoir" nécessaire, et que soit confiée à un maitre architecte la tâche de mener à bien la suite des opérations de fondations. Le premier travail va consister à préparer le sol du futur chantier en égalisant le terrain sur une large surface pour obtenir un vaste espace plan : le Plan.

Le soin apporté à la planéité de cette surface devait être extrême, car d'elle dépendrait la qualité de l'œuvre entreprise. Aussi est-il vraisemblable que les bâtisseurs romans ne se contentaient pas d'une préparation sommaire, mais recouvraient l'espace dégagé d'une couche de terre battue permettant l'obtention d'un Plan parfait . La première étape de fondation pouvait alors commencer.

La première démarche va consister à créer une première relation symbolique avec Dieu, à émettre une interrogation, vers le Ciel. Le point, qui deviendra le point de la rencontre sacrée, est celui où, plus tard, sera érigé l'autel, aussi est-ce de ce point que doit partir la demande initiale.

Il parait naturel de concrétiser et de matérialiser la liaison Terre-Ciel en dressant verticalement, au point sacré, un poteau symbolisant en toutes religions, comme l'arbre, la possibilité de dialogue et d'union avec le domaine céleste.
Donc un poteau, ou une colonne, est érigé au point où, par la suite, sera placé l'autel et sa hauteur n'est pas définie au hasard, mais résulte d'un choix symbolique volontaire. De ce fait, cette hauteur s'exprime par un nombre entier, de pieds (ou module de construction), et il est probable qu'il s'agissait d'un nombre à forte valeur symbolique. Ces précisions, qu'il convient de garder en mémoire, seront fort utiles lors de « l'exercice de lecture » auquel par la suite nous devrons nous livrer.
Sur le site dénudé le poteau se dresse donc verticalement, tel un obélisque ou un gnomon, dans l'attente de la deuxième phase de l'opération de fondation. Il s'agit à présent d'attendre la « réponse » du Ciel, au message envoyé symboliquement par le poteau.

La hauteur du Poteau de l’église de St André d’Olérargues était égale à P = 20 Pieds romains. C’est le premier terme du Nombre de Fondation.

Nous verrons dans la symbolique des nombres que celui-ci a un rapport avec la Vierge Marie.

Comment sait-on qu’il faisait 20 pieds de haut ? Nous allons comprendre plus loin dans cet exposé. Retenons seulement sa hauteur.

L'église doit, nous l'avons dit, être en harmonie avec le Cosmos et sera, précaution supplémentaire, placée sous la protection d'un saint patron afin d'offrir les meilleures chances de réussite spirituelle à qui le souhaiterait. Le jour important, le jour où sera attendue la réponse céleste, est naturellement celui de la fête du saint (ou de la sainte) patron.

Dieu n'ayant pas pour habitude de répondre directement aux sollicitations, les hommes romans durent se contenter de la "réponse" apportée par ce qui symbolisait au mieux la Gloire et la Perfection divine : le Soleil.

Le jour choisi, tout en priant qu’il fasse beau, au lever du jour, lorsque les premiers rayons du soleil viennent éclairer le poteau, l’ombre projetée du poteau est tracée. C’est l’axe de la future église.

Ce n’est pas la longueur de l’ombre qui est importante à ce moment mais sa direction.

Ombre au lever du soleil

eglise.

Ombre à midi solaire.

eglise.

Pour la religion chrétienne, c'est à l'heure de midi que le soleil, immobile apparemment dans sa course, image le mieux la Gloire divine. Aussi est-ce au milieu du jour et non au lever du soleil, comme l'auraient fait des civilisations plus anciennes, que va devoir se dérouler la deuxième opération qui, selon la méthode romaine, consistera à repérer l'ombre portée au sol par le poteau. Le point déterminé par l’extrémité de l’ombre est le Point de Terre.

LE TRACE DES TROIS TABLES

La table carrée

La direction de l’ombre du poteau est la direction Sud-Nord puisqu’elle est mesurée à midi solaire.
Pourquoi midi ? Pour comprendre, il convient de revenir aux dires des Pères de l’Église et plus particulièrement à ceux d’Origène (Théologien du IIIe siècle). Celui-ci a magnifiquement exposé que : « voir Dieu en face, c’est le voir dans la lumière de midi… »

La distance séparant le Point de Terre du pied du poteau dépend de deux paramètres, de la hauteur du poteau, d'une part, et d'autre part de la position du soleil au-dessus de l'horizon, cette position dépendant elle-même du jour de l'année et de la latitude du lieu où s'effectue l'opération. Evidemment, le Maître Architecte, lors de cette opération, n'eut aucun calcul à effectuer; le soleil au lever et à midi le jour choisi lui permit d'obtenir instantanément le résultat cherché.

Une ligne est tracée au cordeau passant par le Point de Terre (extrémité de l’ombre) et le Point Sacré (pied du poteau).
L’axe de l’église donnant son orientation angulaire a été tracé le matin depuis le Point Sacré.
Une perpendiculaire à la ligne Point de Terre/Point Sacré est tracée et coupe l’axe de l’église en un point qui déterminera la longueur de celle-ci. Le point d’ancrage de cette perpendiculaire est le Point de Feu. Le Maitre architecte dispose cette perpendiculaire de telle façon que la distance entre le Point de Terre et le Point de Feu soit un nombre de pieds entiers et symbolique et que la longueur de la perpendiculaire soit le double de la distance Terre/Feu.



Petit rappel géométrique pour tracer une perpendiculaire
à une droite en un point O de cette droite :
Tracer deux arcs de cercle de centre O coupant la droite en A et B
Tracer deux arcs de cercle de rayon sup. à AO et se coupant en M
Joindre OM c’est la perpendiculaire à la droite.



La perpendiculaire étant tracée, il est possible de mesurer la distance entre le Point de Terre et le Point de Feu.

eglise.

La longueur Terre/Feu est égale à 24 Pieds.
La table carrée peut, alors être déterminée en traçant ses quatre cotés égaux

eglise.

La table carrée représente la création divine parfaite de la Terre.

La table rectangulaire

La table rectangulaire est alors déterminée et tracée. Elle est le double de la Table Carrée, comme il a été dit.

eglise.

Le deuxième terme du Nombre de Fondation, 2a, est la longueur du grand côté de la table rectangulaire qui est tracé sur le sol. 2a = 48 pieds à St André d’Olérargues.

Ce Double Carré (table rectangulaire) est la traduction symbolique de la Création terrestre. Il se réfère au Carré, nombre 4, symbolisant dans toutes les cultures méditerranéennes la Terre et la Création parfaite, mais il est doublé pour traduire l’imperfection (Bien-Mal, Beau-Laid, Chaud-Froid, …etc.) régnant sur notre Terre.

Représentant notre Terre, il se doit, comme elle, d’être orienté suivant les directions cardinales.

On retrouve dans ces deux figures, Double Carré et Carré, les éléments architecturaux constitutifs du temple de Jérusalem décrit dans la Bible : le Saint et le Saint des Saints.

Nous avons vu que l’angle Nord-Est du Double Carré correspond au Point de Terre. Il est en effet possible d’assimiler chacun des angles du Double Carré à l’un des quatre éléments.

Il est aisé de constater que, dans notre univers occidental, la température augmente du Nord vers le Sud et que le climat devient de plus en plus sec de l’Ouest à l’Est.

Dans la pensée médiévale, le Nord-Est, froid et sec, s’est vu attribué l’élément Terre. Le Sud-Est chaud et sec était assimilé à l’élément Feu. Le Nord-Ouest froid et humide correspondait à l’Eau et par comparaison à la vapeur chaude et humide, l’Air était au Sud-Ouest.

LE SEUIL DE L’EGLISE.

Le Maître Architecte va ensuite choisir l’un des sommets du Double-Carré (autre que Terre) comme point d’entrée dans cette figure symbolique. Les sommets sont en effet les seuls points singuliers d’un carré ou d’un double carré.

Cette entrée, que nous appellerons S, est un Seuil symbolique important. Il donne accès à l’espace délimité par le Double Carré. La ligne SD fixe l’axe de l’ensemble du bâtiment et donc l’orientation de l’édifice.

Pour l’église de St André d’Olérargues le choix s’est porté sur le sommet Sud-Ouest (Air). C’est aussi le cas de l’église Cluny III avant que ne soit construit son narthex.

SANCTIFICATION DU TRACÉ.

Le Maître Architecte se livre ensuite à une opération très particulière : celle qui consiste à convertir la Table carrée en un cercle de même surface et qui permet ainsi de passer du Double-Carré au Carré puis au Cercle.

Symboliquement l’opération pourrait correspondre à la purification puis à la sacralisation de la Terre afin de transformer notre Terre si imparfaite en… Paradis terrestre puis en … Paradis céleste !

eglise.

Ces trois figures éclairent et expliquent les dires compagnonniques concernant les « trois tables qui portèrent le Graal ». Elles sont là toutes les trois et l’une, le double carré, a effectivement une surface double de celle des deux autres ! Leur nombre est donc bien 2 – 1.

Le cercle obtenu est tracé sur le sol, sur le plan. Il est centré sur l’axe de l’église et doit passer comme le double carré et le carré par D, pied du Poteau. Comment pourrait-il en être autrement ? L’image du Paradis céleste ne peut qu’être en relation avec le pied du Poteau, symbole de la relation Terre-Ciel.

Nous savons, aujourd’hui calculer arithmétiquement ce rayon il est égal à R= a/√π cela s’appelle la quadrature du cercle.

Les constructeurs médiévaux pouvaient-ils réellement effectuer la quadrature du cercle? On la disait impossible !

D’ailleurs, pour leurs calculs, comment auraient-ils pu extraire la racine carrée de Pi ne connaissant ni les chiffres décimaux arabes ni l’opération qui consiste à extraire une racine carré. De plus ils ne connaissaient comme valeur de Pi que la fraction 22/7.

LA QUADRATURE DU CERCLE.

L’étude des églises médiévales montre pourtant que les bâtisseurs du moyen-âge savaient sans problème transformer un carré en un cercle de même surface alors que, effectivement, l’opération est depuis longtemps considérée comme impossible !

Mathématiquement parlant, il est vrai, elle ne peut pas être effectuée de façon exacte puisque Pi est un nombre incommensurable. La question est donc de comprendre comment les bâtisseurs médiévaux surent obtenir des résultats extraordinairement précis alors qu’ils ne connaissaient ni la valeur de Pi, ni les nombres décimaux, ni ne pouvaient effectuer de calculs tant soit peu compliqués ! C’est peut-être justement en raison de ces impossibilités qu’ils surent pratiquer ... l’impossible quadrature !

Passer d’un cercle à un carré (ou d’un carré à un cercle) de même surface est, par nature, du domaine de la géométrie et … géométriquement cette opération se révèle fort simple.

Partant du carré A1, A2, A3, A4 :
Joindre B1, milieu de A1A4, à A2.
Tracer le cercle inscrit dans le carré. La droite B1A2 coupe le cercle en D.
Tracer un arc de cercle de centre B2 passant par D. Il coupe le côté A3A2 en E.
Tracer l’arc de cercle B2F de centre A2. F étant sur B1A2.
Joindre B1 à E.
Puis tracer un arc de cercle de centre B1 passant par F. Cet arc coupe B1E en G.
Abaisser la perpendiculaire issue de G sur B1B2.
B1H est égal au rayon du cercle cherché.





TRACE DE BASE, DETERMINATION DES DIMENSIONS DES TROIS TABLES.

eglise.

Le maitre architecte a alors en mains les données qui vont lui permettre de tracer au sol l’implantation définitive de l’église.

Il faut maintenant parler de quelques connaissances techniques que maitrisait le Maitre Architecte.

LA CORDE A TREIZE NŒUDS.

Un outil indispensable pour les constructeurs de l’époque, j’ai nommé : la Corde à treize Nœuds.

La corde à treize nœuds ou corde des druides ou encore corde égyptienne est un des outils indispensable du bâtisseur du Moyen Âge. Elle permettait de transmettre les indications de construction même aux ouvriers ne possédant que peu de connaissances dans les domaines de la lecture et du calcul. Elle est encore employée de nos jours.

C'est une corde d'une longueur de douze coudées ou de douze pieds (aujourd’hui de douze mètres) et dont les 12 intervalles identiques sont délimités par un nœud ; elle permet de manier, dans la pratique, les principes élémentaires de trigonométrie proportionnelle, de tracer des plans au sol, de transmettre des consignes pour ces mêmes tracés, de les reproduire exactement (portes, fenêtres, ogives) Même si certains tracés sont relativement justes, elle permet, avant tout, de respecter la proportion, chère aux bâtisseurs de cathédrales (ou de forteresses).

Il est possible de tracer avec cette corde des cercles, des triangles, des carrés, des rectangles, des hexagones, des octogones et jusqu’au dodécagone. Cette corde permet aussi par application de théorème dit de Pythagore de tracer un angle droit et de trouver la proportion du Nombre d’Or sans calcul.



Détermination d’un angle droit

Rappel du théorème de Pythagore : dans un triangle rectangle, c'est-à-dire qui possède un angle droit, la somme du carré des côtés de l’angle droit est égale au carré du troisième coté appelé hypoténuse.

Ainsi avec la corde à treize nœuds, on peut dessiner un triangle de 3 espaces pour un côté, de 4 espaces pour un deuxième côté et de 5 espaces pour le troisième.

L’application du théorème donne : 3² + 4² = 5² donne 9 + 16 = 25 donc l’angle en B fait 90°.



eglise.

Le nombre d’or

Le nombre d'or est une proportion, entre deux longueurs a et b telles que le rapport de la somme a + b des deux longueurs sur la plus grande (a) soit égal à celui de la plus grande (a) sur la plus petite (b) c'est-à-dire lorsque :

eglise.

Le nombre d'or est maintenant souvent désigné par la lettre φ (phi).

Ce nombre irrationnel est l'unique solution positive de l'équation x² = x + 1. Il vaut exactement :

eglise.

Le Nombre d’Or vaut approximativement[] 1,6180339887 arrondi à 1.618

Mais tout ceci est bien compliqué pour les artisans du moyen âge, surtout lorsqu’ils ne connaissent ni les chiffres arabes, ni les racines carrées, et encore moins les nombres décimaux.

Mais grâce à la corde à treize nœuds il est possible de trouver la proportion pour un intervalle donné de corde (un pied ou une coudée par exemple) et reporter la valeur trouvée autant de fois qu’il est nécessaire par rapport à la longueur de base.

Par exemple dans l’église de St André d’Olérargues la largeur de la nef et la hauteur de la nef sont dans les proportions du Nombre d’Or.

Calcul de la distance avec la corde à treize nœuds de : 1 pied x 1.618.

Le constructeur faisait une opération qu’il ne comprenait pas forcement mais qui était juste.

Il formait le triangle rectangle de 3 – 4 – 5, puis mesurait la longueur d’une hypoténuse d’un triangle rectangle dont les côtés de l’angle droit valaient respectivement 1 – 2.

Cette hypoténuse avait pour valeur √5 puisque 2² + 1² = 5² il ajoutait 1pied, et divisait par deux cette distance totale.

Pour, sans le savoir, répondre à l’équation

eglise.
eglise.

La corde à treize nœuds permet bien d’autres calculs. Associée à un compas, elle permet, notamment, de déterminer des valeurs angulaires, sachant déjà que le triangle rectangle 3 – 4 – 5 a des angles de 30° et 60° qui peuvent être facilement divisés avec le compas.

TRACÉ RÉGULATEUR DETERMINANT LES DIMENSIONS DE L’EGLISE

Revenons au tracé de base et aux dimensions des trois tables qui ont été déterminées

Le cercle obtenu depuis le Carré est le Cercle de Construction.

Il est important de noter que le tracé régulateur est “dépendant“ des dimensions du Cercle de Construction et plus généralement des trois Tables.

Le Maitre architecte va reporter le dessin des trois tables sur l’axe de la future église et ce, depuis le Point Sacré.
Tout d’abord la Table Rectangulaire appelée aussi Double Table en bleu sur le dessin. Elle définit la longueur et la largeur de l’édifice.
Puis le cercle de la Table Ronde en rouge sur le dessin, passant par le Point Sacré.

Et enfin la Table Carrée en diagonale, en vert sur le dessin. Son angle Ouest sur l’intersection de la Table Ronde et de l’Axe de l’église. Son angle Est détermine la valeur du rayon de l’abside centré sur le Point Sacré.

eglise.

Ce tracé permet de dessiner l’implantation de l’église.

En y ajoutant le Pentagramme de l’Homme Debout qui est le pentagone inscrit au cercle de la table ronde, on constate que la base de ce pentagramme (pentagone) détermine d’une part l’axe de l’arc doubleau et du contrefort séparant les deux travées, et d’autre part elle correspond à la largeur de la nef. Soit 16 Pieds.

eglise.

Tracé résumant les diverses données.

eglise.

LE NOMBRE DE FONDATION

Nous avons évoqué au début de cet exposé le Nombre de Fondation qui n’est pas un nombre au hasard, mais un nombre symbolique choisi au départ du projet par le Maitre Architecte.

Nous avons dit qu’il était égal à F = P + 2a + L Avec P représentant la hauteur d’un Poteau, 2a la longueur du grand côté d’un Double Carré et L la longueur interne de l’église.

Nombre de fondation de St André d’Olérargues est donc = 20 + 48 + 55 = 123 Les dimensions étant exprimées en pieds romains.



LA SYMBOLIQUE DES NOMBRES

La compréhension des Nombres fondamentaux, c’est-à-dire des Nombres symboliques qui donnèrent corps au tracé et donc au bâtiment, est une aventure passionnante. Ces nombres ne participent pas du hasard mais d’une volonté délibérée du concepteur. Plus d’une demie douzaine de nombres constituent “l’écriture“ de ce qui fut probablement le fondement religieux majeur de toute l’église :

- Le Nombre de Fondation
- Le Nombre du Poteau
- Le Nombre du Double Carré
- Le Nombre du Cercle (table ronde)
- Le Nombre de l’église
- Le Rayon de l’abside


La symbolique consacrée à la Vierge Marie est retranscrite en bleu dans le texte ci-après.

Le Nombre de Fondation - Symbolisme de 123 C’est le symbole du Dieu Trinitaire : 1 – 2 – 3 Père, Fils et Esprit-Saint.

Le Nombre du Poteau - Symbolisme du nombre 20 (Hauteur du Poteau et longueur de la première travée)

C’est 2 x 10 avec :
Le 2, premier nombre pair, exprime la féminité. Il symbolise de ce fait la Femme et la Mère, et on le retrouve très souvent dans la symbolique des édifices dédiés à la Vierge Marie.
Le 10, c’est le retour à l’unité, le retour à Dieu. Le nombre dix est considéré comme le plus parfait des nombres, parce qu'il contient l'Unité qui a tout fait, et le zéro, symbole de la matière et du Chaos, l’œuf duquel tout est sorti; l'homme en porte l'image sur ses mains et sur ses pieds : 5 doigts plus 5 doigts.

Le Nombre du Carré - Symbolisme du 24 (carré de la Terre)

C’est le symbole de la double harmonie du ciel et de la terre.
Saint Jérôme voit dans ce nombre le produit des quatre éléments - la terre, l'eau, l'air et le feu - par les six jours de la création. 6 x 4.
Le nombre 24 exprime le temps d’un jour = 24 heures.

Le Nombre du Cercle – Symbolisme du 27 (table ronde)

C'est le nombre de l'Esprit-Saint.
Il est le symbole de la lumière divine.
C’est le nombre de générations qu’il y a eu de David au Christ selon l'évangéliste Saint Matthieu. (Matthieu 1,1-17)

Le Nombre de l’église – Symbolisme du 55 (Longueur de l’église)

C’est un nombre représentatif de la Vierge Marie.
Cinquante-cinq années séparent l'Annonciation de l'Assomption de la Vierge.
Ce nombre se retrouve dans le chapelet de la Vierge Marie: le cercle formé par le collier est composé de 55 grains.

C’est la somme des chiffres un à dix, c'est-à-dire le dixième nombre triangulaire.
Une main de 5 doigts plus une main de cinq doigts qui étant jointes font 5 + 5 et représente le geste de la prière.

Le Rayon de l’abside – Symbolisme du 7

Le nombre 7 symbolise la virginité.
Le nombre sept est caractéristique de la Vierge Marie: les sept mystères du chapelet commémorant les douleurs de la Vierge Marie; on représente la Vierge avec une couronne au cœur de sept roses et aussi sept poignards piqués sur son cœur - d'où l'appellation Notre-Dame des Sept Douleurs - les sept fêtes de la Vierge Marie célébrées dans l'Eglise catholique - la purification, l'annonciation, la visitation, l'assomption, la nativité, la présentation de la Vierge et l'immaculée conception.

Le sept symbolise la croix avec ses six directions plus le centre - étendues indéfinies se dirigeant vers le haut, le bas, la droite, la gauche, en avant et en arrière.
Dieu crée le monde en 6 jours et se repose le 7e. Il y a donc 7 jours de semaine.
Les sept péchés capitaux, correspondant aux sept désirs matériels: l'orgueil, l'avarice, l'impureté, l'envie, la gourmandise, la colère et la paresse.
Il y a 7 notes de musique de base. Il y a 7 planètes visibles à l’œil nu : les 7 luminaires de Dieu.

Symbolisme du nombre 30 (Hauteur de la nef)

C’est la hauteur de l'arche de Noé exprimé en coudées. (Genèse 6,15)
Âge auquel Jésus commença son ministère public. (Luc 3,23)
C'est à 30 ans que Jean-Baptiste commença à prêcher.
Ezéchiel commença à prophétiser à 30 ans.
David avait trente ans lorsqu'il commença à régner sur Israël. (2 Samuel 5,4)
Âge de Paul de Tarse lors de sa conversion, marquant aussi le début de son activité apostolique.
Judas reçut trente deniers - pièces d'argent - des grands prêtres et des anciens pour leur livrer Jésus. (Matthieu 27,3)
La distance de la Terre à la Lune est de 30 fois le diamètre terrestre.



MODE DE CONSTRUCTION

La Maçonnerie

eglise.

L’ordre de Cluny, alors le plus considérable, le plus puissant et le plus éclairé, fut le premier qui eut une école de constructeurs dont les principes nouveaux devaient produire, dès le XIe siècle, des monuments affranchis des dernières traditions romaines.

Déjà, dans les édifices du Xe siècle, on voit la construction faire des progrès sensibles qui ne sont que la conséquence de fautes évitées avec plus ou moins d’adresse ; car l’erreur et ses effets instruisent plus les hommes que les œuvres parfaites.

Ne disposant plus des moyens actifs employés par les Romains dans leurs constructions ; manquant de bras, d’argent, de transports, de relations, de routes, d’outils, d’engins ; confinés dans des provinces séparées par le régime féodal, les constructeurs ne pouvaient compter que sur de bien faibles ressources, et cependant, à cette époque déjà, au XIe siècle, on leur demandait d’élever de vastes monastères, des palais, des églises, des remparts.

Il fallait obtenir de grands résultats à peu de frais, car alors l’Occident était pauvre. Il fallait que le Maitre Architecte recherche les matériaux, s’occupe des moyens de les transporter, combattre l’ignorance d’ouvriers maladroits, faire lui-même ses observations sur les qualités de la chaux, du sable, de la pierre, faire approvisionner les bois ; il devait être non-seulement le Maitre architecte, mais le carrier, le traceur, l’appareilleur, le conducteur, le charpentier, le chaufournier (four à chaux), le maçon, et ne pouvait s’aider que de son intelligence et de son raisonnement d’observateur.

Ceci dit, pour bien comprendre les constructeurs, ils n’avaient à leur disposition que de la pierre mal extraite, du mauvais moellon tiré sur le sol, de la chaux mal cuite, des outils imparfaits et de faibles engins de levage et de transport : et avec des éléments aussi grossiers, ces constructeurs peuvent nous enseigner d’excellents principes, applicables dans tous les temps.

En architecture, le mot appareil, ou opus en latin, est un terme qui désigne la façon dont les moellons, les pierres de taille ou les briques sont assemblés dans la maçonnerie. Plus la pierre utilisée est petite plus l’appellation de l’appareil est dit « petit ». Ainsi on trouve des constructions dites en « petit appareil » en « moyen appareil » ou en « grand appareil ».

Les fondations de la période romane sont toujours faites en gros blocs jetés pêle-mêle dans un bain de mortier.
Aussi, donnaient-ils à la base des fondations une large assiette. Ils ne manquaient jamais de relier entre eux tous les murs et massifs en fondation ; c’est-à-dire que, sous un édifice composé de murs et de piles isolées, par exemple, ils formaient un gril de maçonnerie sous le sol, afin de rendre toutes les parties des fondements solidaires. Imaginez, pour l’église qui nous intéresse la largeur des fondations pour supporter des murs de 1.5 mètre d’épaisseur plus les contreforts.

Les murs sont montés en petit appareil et fort bien fait, très-judicieusement combiné : c’est une solution moyenne entre la construction romaine de grand appareil et celle de blocages revêtus de briques ou de moellon. En adoptant le petit appareil dans les grands édifices, les constructeurs du XIe siècle avaient trop de sens pour poser ces assises basses et peu profondes, à joints vifs, comme certaines constructions romaines ; au contraire, ils séparèrent ces assises par des lits et joints de mortier épais, afin que ces lits établissent une liaison entre le massif intérieur et les parements.
Cette méthode était la méthode romaine, et elle est bonne(30).
On comprendra en effet que si on pose des assises à joints vifs devant un massif en blocaille (matériau formé de débris de briques et de moellons, de petites pierres) et mortier, le massif venant à tasser par l’effet de la dessiccation des mortiers sous la charge, et les assises de pierres posées à crû les unes sur les autres ne pouvant diminuer de volume, il se déclarera une rupture verticale AB derrière le parement, qui ne tardera pas à tomber. Mais si (30 bis) nous avons eu le soin de laisser, entre chaque assise de pierre, un lit de mortier épais, non-seulement ce lit soudé au massif retiendra les assises de pierre, mais encore il permettra à celles-ci de subir un tassement équivalent au tassement des blocages intérieurs.

eglise.

La voûte appareillée est constituée d’un assemblage de pierres clavées (pierres taillées en forme de coin); elle ne nécessite qu’un matériau, la pierre, partout disponible, avec un peu de mortier seulement ; elle ne requiert que le travail de quelques spécialistes qui peuvent tailler les pierres au sol, les claveaux de la voûte, bien avant qu'elle ne soit montée au sommet de la construction.

Après le montage des murs et des arcs de décharge latéraux jusqu’au départ de la voûte, des contreforts et des piliers des 3 arcs (arc triomphant, arc doubleau et arc d’extrémité) ce sont les charpentiers qui interviennent pour construire la « nave » (navire), telle la coque d’un navire retourné. Ils assemblent un certain nombre de cintres reliés par un « couchis ». Ces cintres permettront de construire les arcs et la voûte. Ils serviront de « moule ».

eglise.

Les cintres sont posés sur des cales qui seront retirées progressivement pour que ce moule descende légèrement permettant à la voûte de « s’asseoir » et de se stabiliser. Après les cintres seront démontés.

eglise.

La largeur intérieure des arcs de décharge et la hauteur de la nef sont dans le rapport du Nombre d'Or.

La charpente et la couverture ne sont pas d’origine et ont dû être remplacées quelques fois en près de mille ans d’existence de l’église. On n’a pas accès à la charpente autrement qu’en démontant la couverture.

La décoration.

Les bénédictins respectaient la « règle » de Saint Benoit qui déclare « organiser une école au service divin du Seigneur ». Mais rien n’est dit à propos de l’architecture de l’église. Seul l’esprit de pauvreté et de simplicité était recommandé. Quant au superflu, il devait être rigoureusement banni.

Ainsi Saint Bernard dira des édifices trop richement décorée : « Dites moi, pauvres – si toutefois vous êtes des pauvres – que fait l’or dans vos sanctuaires … On expose la statue d’un saint ou d’une sainte et on la croit d’autant plus sainte qu’elle est chargée de couleurs … O vanité plus insensé que vaine ! Les murs de l’église sont étincelants de richesses et les pauvres sont dans le dénuement ; ses pierres sont couvertes de dorures et ses enfant sont privés de vêtements ; on fait servir le bien des pauvres à des embellissements qui charment le regard des riches … »

... ET AINSI FUT CONSTRUITE L’EGLISE

L’INJURE DU TEMPS ET L’INJURE DES HOMMES

Le fief de St Andea de Olosanicis resta la possession des bénédictins jusqu’au XIIIe siècle environ, la vie de l’église s’écoulait au rythme de la règle de Saint Benoit. C’est à dire : huit heures canoniques (canoniales), séparées par des intervalles de sommeil, de lecture et de travail, réservées pour les offices du culte.

Le jour commence à minuit, avec le service des Matines (ou Vigiles). Il est suivi de l'office de Prime. Puis à l'aurore par le chant des Laudes. Dans la matinée viennent l'office de Tierce à 9 heures Ensuite l'office de Sexte à midi. Dans l'après-midi, on trouve l'office de None vers 15 heures, Les Vêpres vers 18 heures Enfin les Complies vers 19 heures.

Puis lorsque la puissance de cet ordre monastique déclina, le fief revint dans le giron de l’évêque d’Uzès.

Un peu d'histoire

L'évêque d'Uzès revendit le fief et ses habitants, d’abord à plusieurs coseigneurs, indivise entre Raymond de la Tour d'Aigues et la famille de Sabran. Puis Hermessinde Veuve de Guillaume de Martortel et Elzéar de Sabran en 1260. Dès 1271 apparaissaient la famille de Gardies, Guillaume de Gardies, seigneur de Fontarèche, fils de Bertrand de Gardies. Enfin Jean de Gardies en 1319, pour ne citer qu’eux.

Comme partout les habitants durent subir les affres et les difficultés du XIVe siècle je veux parler des famines, de la peste des pillages des « routiers » de la guerre de cent ans, sans parler des taxes imposées par le seigneur qui avait droit de vie ou de mort sur la population. Il possédait la terre et les hommes qui la travaillaient pour lui.

Puis ce fut les guerres de religion qui commencèrent déjà en 1550 et se poursuivent entrecoupées de périodes de paix jusqu'en 1598, avec la mise en place de l'Édit de Nantes.

Les religionnaires (les huguenots) s'attaquèrent non seulement aux personnes, mais aussi beaucoup aux monuments religieux catholiques, qu'ils pillaient, incendiaient et détruisaient.

Que l'on se rappelle seulement que les protestants de Bagnols, déjà organisés en 1540 et encouragés par l'évêque d'Uzès, Jean de Saint-Gelais, sectateur de la Réforme dès 1546, eurent à cœur de suivre aussitôt les exemples donnés par ceux de Nîmes et d'Orange, en fermant les églises et les chapelles, ou en brûlant les reliques et les images 1560 et 1561 ; que l'on relise les exploits de Parpaille, du baron des Adrets et de leurs partisans au Pont-Saint-Esprit, à Chusclan, à Saint-Laurent-des-Arbres, à Bagnols et à Cornillon 1562-1563; les meurtres et les pillages commis à Bagnols, Laudun, Orsan, Pont-Saint-Esprit (Église de Saint-Saturnin détruite, archives du prieuré brûlées), Saint-Laurent-des-Arbres et Tresques, de 1567 à 1569; les allées et venues de l'armée des princes, conduite par Coligny dans le Bas-Languedoc, en 1570 ; les désastres subis à Bagnols, Cavillargues, Cornillon, Sabran, La Roque, Saint-Laurent-des-Arbres, Saint-Laurent-la-Vernède, Saint-Marcel-de-Careiret, Verfeuil et sans doute St André d’Olérargues etc., de 1572 à 1576 ; les opérations des ligueurs, des protestants et de l'armée royale, qui se disputaient la possession du pays, au grand dam des habitants; le siège de Laudun, en juillet 1588 et la prise de Tresques, Connaux et Orsan ; les révoltes, qui eurent pour conséquence la démolition de la cathédrale d'Uzès dont il ne reste que la tour Fenestrelle, des châteaux de Bagnols, Sabran, Gaujac, etc. et que l'on pense à toutes les souffrances qui en résultèrent et à toutes les ruines qui s'accumulèrent ! C’est en 1587 que le château de St André d’Olérargues est reconstruit et fortifié dans son état actuel.

Charles d'Audibert qui avait épousé en 1588 Marguerite d’Albert dite "Dame de Saint-André et de Sabran" rédige en 1622 un premier testament dans lequel il revendique son appartenance à l'église réformée, à qui il lègue de l'argent pour ses pauvres. Ce qui est un comble, ayant eu un beau-père qui les combattit.

Ceci pour dire que la restauration de l’église catholique n’était pas son souci majeur.

D’ailleurs entre 1548 et 1685 il n’y eut aucun prêtre affecté à st André d’Olérargues comme en atteste le chanoine Roman dans sa monographie sur le village et comme on peut le vérifier sur les relevés d’état civil de l’époque. Ceci représente une durée de 137 ans !

L’église a donc dû être pillée et partiellement détruite pendant cette période. Le clocher campanile abattu, le porche d’entrée détruit pour pénétrer dans l’édifice, ainsi qu’une partie du mur de la façade ouest écroulé et sans doute une partie de la voûte de la nef avec le temps.
Mais pendant 137 ans la vie continue !

La façade ouest de l’église étant probablement effondrée et celle-ci abandonnée sans gardien les pierres sont pillées car les pierres de construction sont rares sur la commune, il n’y a pas de carrière. Les habitants utilisent ces pierres pour construire leurs habitations, et ce au plus près de l’église pour s’économiser un transport lourd et coûteux.

En 1638 le fils de Charles d'Audibert, Jacques d’Audibert premier comte de Lussan lui succède. Il épouse Jeanne de Grimoard de Beauvoir du Roure. Puis leur fils Jean d’Audibert deuxième comte de Lussan lui succède en 1674 jusqu’en 1697, il est comte de Lussan, baron de Valcrose, de Saint Marcel de Careiret et de Saint André d’Olérargues.

On doit peut-être à ce beau monde le financement de la reconstruction de l’église comme en atteste la date de 1661 gravée sur la clé de voûte de l’arc doubleau de l’église. Les seigneurs locaux tenaient à s’enorgueillir d’une chapelle digne d'eux et rattachée au château.

L’église est donc réparée, voûte de la nef et façade ouest. Mais les constructions des maisons d’habitation proches de cette façade empêchent de recréer un mur à l’identique. Les artisans maçons sont obligés de préserver un passage entre l’église et ces maisons. Le mur de la façade est alors incliné de 15° par rapport à l’axe de l’édifice. Une sacristie est ajoutée et, sans doute le presbytère accolé à l’église qui lui sert, alors de contrefort.

eglise.

Les modifications structurelles de 1661 sont représentées en gris foncé.

En 1685 un prêtre à plein temps s’installe enfin à St André d’Olérargues, c’est le prieur Camerle qui y restera jusqu’en 1699 soit 14 ans.

Les prêtres se succèdent avec une interruption après le prieur Camerle jusqu’en 1727.
Puis vint la révolution de 1789.
L’église est vidée de tous ses objets de culte et elle est transformée en Temple d’adoration de la Déesse Raison jusqu’en 1795. Et c’est le vicaire de Verfeuil qui bénit la réouverture à cette date de l’église profanée.

Récapitulatif des repères chronologiques jusqu’à la fin du XVIIe siècle.

909 Fondation de l'abbaye de Cluny, en Saône-et-Loire.

942 La présence d'une communauté religieuse monastique est attestée à St Saturnin du Port (Pont St Esprit) sous l’autorité du monastère de Cluny.

946 – 948 la Chartes de l'abbaye de Cluny, n° 693 précise la donation, par l’archevêque d’Aix Géraud d’Uzès, d’un manse dit « in villa Sevanis » qui était sur le territoire de Saint André d'Olérargues ce manse légué était traversé par le ruisseau du Merlançon (quartier actuel de Clapeyret). De même que plusieurs biens situés au nord de l’Uzège.

XI° siècle environ 100 ans après, les moines de Cluny construisent l’église.

XIII° siècle début du déclin des clunisiens le fief de St André d’Olérargues revient dans le giron de l’évêque d’Uzès. Il y eu plusieurs coseigneurs, indivise entre Raymond de la Tour d'Aigues et la famille de Sabran propriétaires du fief.

1260 Hermessinde Veuve de Guillaume de Martortel et Elzéar de Sabran son fils, possèdent le fief.

1271 à 1319 apparaissait à St André d’Olérargues la famille de Gardies, Guillaume de Gardies, seigneur de Fontarèche, fils de Bertrand de Gardies puis Jean de Gardies

1315-1322. Grandes famines

1347 à 1351 La peste noire succède à la famine.

1337 à 1453 La guerre dite de cent ans

1375, les Bernardines de Valsauve (commune de Verfeuil), religieuses vivant suivant la règle de Saint Bernard, fuyant les bandes armées, s'installent à Bagnols sur Cèze.

1331 à 1440 les seigneurs du fief se succèdent Jean de Malons, Robert Pons, Raymond de Sérignac de Pougnadoresse, Guillaume de Gardies, Raymond et Pons de Combes.

1441 à 1454 Giraud de Gardies, puis sa fille Antoinette de Gardies, Grignon de Beauvoir du Roure son époux devient seigneur de Saint André.

1454 Etienne de Montdragon, et son fils Jacques de Montdragon lui succède.

1493 à 1588 terres et château furent vendus à Antoine de Bagnols seigneur de St Michel d’Euzet et Théobald Aubert son gendre. Edouard d’Albert son fils, dont la fille Marguerite d’Albert fut mariée en 1588 avec Charles d’Audibert.

Début XVI° siècle deux fils de Théobald Aubert, morts jeunes, sont enterrés dans l’église.

1526 Isabeau Aubert (peut-être sœur de Théobald) demande à être ensevelie dans l’église devant l’autel de la Ste Vierge où les deux fils de Théobald étaient inhumés.

546 - 15701 l'évêque d'Uzès, Gehan II (Jean) de St Gelais, est sectateur (Adepte déclaré) de la Réforme.

1548 le dernier prêtre à plein temps recensé à St André d’Olérargues.

1548, 140 livres (salaire de 2 mois à deux personne) sont versées pour l'église de saint André afin de réparer des dégradations (causées par les protestants dit le Chanoine Roman en 1901, mais les hostilités avec les protestants avaient à peine commencé dans les grandes villes)

1550 Ce fut les guerres de religion qui commencèrent .
Les religionnaires (les huguenots) s'attaquèrent non seulement aux personnes, mais aussi beaucoup aux monuments religieux, qu'ils pillaient, incendiaient et détruisaient.

1560 et 1561 les protestants de Bagnols, eurent à cœur de fermer les églises et les chapelles, et de brûler les reliques et les images.

1567 à 1569 Pont-Saint-Esprit - Église de Saint-Saturnin détruite, archives du prieuré brûlées

1569 la destruction du prieuré et église de St Théodirit à Verfeuil. Quelques religieuses Bernardines, qui avaient continué à résider et travailler la terre à Valsauve, furent massacrées par les protestants.

1572 à 1576 les désastres subis à Bagnols, Cavillargues, Cornillon, Sabran, La Roque, Saint-Laurent-des-Arbres, Saint-Laurent-la-Vernède, Saint-Marcel-de-Careiret, Verfeuil et sans doute St André d’Olérargues.

1587 le château de St André d’Olérargues est fini d’être construit et fortifié.

1588 prise de Tresques, Connaux et Orsan ; démolition de la cathédrale d'Uzès, des châteaux de Bagnols, Sabran, Gaujac.

1588 Charles d'Audibert, épouse Marguerite d’Aubert dite "Dame de Saint-André et de Sabran" .

1622 un premier testament dans lequel Charles d'Audibert revendique son appartenance à l'église réformée, à qui il lègue de l'argent pour ses pauvres. Ce qui est un comble, ayant eu un beau-père qui les combattit.

1630 Accalmie des guerres de religion.

1638 le fils de Charles d'Audibert, Jacques d’Audibert premier comte de Lussan lui succède. Il épouse Jeanne de Grimoard de Beauvoir du Roure.

1661 gravé sur la clé de voûte de l’arc doubleau de l’église attestant des travaux, façade ouest et sacristie. Sans doute percement de la baie nord de l’abside. Enduit ocre jaune partout à l’intérieur.

1685, retour d’un prêtre à plein temps à St André d’Olérargues.

1674 à 1697 Jean d’Audibert deuxième comte de Lussan, succède à son père, il est comte de Lussan, baron de Valcrose, de Saint Marcel de Careiret et de Saint André d’Olérargues.

1737 un cadran solaire sur le contrefort sud/ouest.

1795 – 1801 Un chemin de croix est érigé.

LE XIXe SIECLE

Je cite Léon-Honoré Labande qui en 1901 dans son étude d’histoire et archéologie romane dit :

« Le XIXe siècle aura à se reprocher d’avoir abattu peut-être autant d’églises romanes à lui seul que tous les siècles précédents. Stimulé par de pieux évêques, le clergé du Gard s’est, depuis une cinquantaine d’années, préoccupé d’élever des monuments plus somptueux que ceux qui lui avaient été légués par le passé. Malheureusement, il ne s’est pas contenté d’édifier : il a beaucoup démoli, sans avoir d’égard aux souvenirs qui s’attachaient aux vieux murs qu’il renversait. »

Cela a été le cas chez nos voisins de Saint Marcel de Careiret qui ont rasé l’église romane chargée de ses symboles médiévaux, pour en construire une plus grande et plus orgueilleuse avec ses peintures voyantes, ses clinquants et ses dorures à la mode du XIXe siècle. Voir sur ce sujet l’ouvrage de Paul Planté Saint-Marcel-de-Careiret, un village méconnu !

C’est le siècle qui a apporté le plus de modification à l’église de Saint André d’Olérargues au détriment de « l’œuvre initiale ».

Etat et modifications de l’église au début du siècle, quelques documents nous enseignent.



Les cadastres.

eglise.----eglise.
Cadastre « napoléonien » de 1833________________Cadastre actuel de 2016


L’étude et la comparaison entre le cadastre de 1833 et celui d’aujourd’hui nous apprend plusieurs choses intéressantes :

- En 1833 sur la façade sud, la seule excroissance est la sacristie.
- Le cimetière occupe la parcelle 791.
- Le Presbytère existe mais est plus court.
- La façade ouest est déjà en « biais » par rapport à l’axe du bâtiment.

L’église elle-même :

Sur le mur Est de la chapelle St Joseph est apposée la plaque suivante :

eglise.

Qui était Joseph Jouvenel ?

C’est un habitant de la commune, on sait par les documents relatifs au recensement paroissial de 1846 qu’il a 48 ans à cette date et qu’il est marié sans enfant à Delphine 37 ans. Il fait don à la Fabrique (organisation paroissiale gérant les biens temporels de la paroisse) d’une rente d’Etat qui sera revendue en 1886 pour la somme de 976 F pour payer des travaux dans l’église. C’est sans doute un don par héritage à sa mort. Il est encore en vie en 1867. On lui doit donc la construction de la Chapelle St Joseph au milieu du siècle.



Extraits des rapports des réunions du Conseil de Fabrique.

1854 le 14 mai. Le curé Alexis Saunier signale les donations de Mademoiselle Dumas de Bagnols qui a résidé dans la commune. Elle a donné la croix qui se trouve actuellement près du monument aux morts, en bordure du terrain qui était l’ancien cimetière. Elle a donné un chemin de croix, a fait faire la tribune de l’église, la réfection de la sacristie.

1861 le 7 juillet. Le conseil de fabrique décide de faire refaire le carrelage de l’église, de remplacer les bancs de la tribune et d’y ajouter une rampe en fer à la partie supérieure et enfin de remplacer les vieux bancs de la nef par des chaises.

1867 le 1 septembre. Bénédiction du nouveau cimetière à la sortie du village. La partie qui longe la route sur quelques mètres de large n’est pas bénite volontairement, elle est réservée côté sud aux enfants morts sans être baptisés et côte nord à la sépulture des protestants !

1872 le 11 Aout. Le Conseil de Fabrique, décide d’agrandir l’église par la construction d’une chapelle latérale Chapelle St Joseph. Ces travaux sont financés intégralement par Mr le Curé Adolphe Bonnet grâce à un don de paroissien pour la somme de 1234.05 F. C’est sans aucun doute Joseph Jouvenel puisqu’une plaque à son nom y a été apposée.

1879 le 20 avril. Le Conseil de Fabrique décide de réparer la toiture de l’église et celle de la sacristie. Le conseil décide aussi de faire construire un petit mur de pierres sèches pour empêcher les gens d’aller déposer des ordures dans l’ancien cimetière autour de l’église !

1880 le 4 avril. Le conseil de Fabrique attire l’attention de Monsieur le Maire sur des travaux urgents de faire réaliser : toit de la cour intérieure du presbytère, le clocher tombant en ruine, mauvais état de la porte d’entrée, mauvais état des fonts baptismaux.

1881 le 20 octobre. Le conseil de Fabrique, à la demande de Pierre Martin curé, décide d’assainir et d’agrandir le presbytère qui ne comporte que deux pièces humides et insalubres au rez-de-chaussée et deux chambres communicantes (passage dans l’une pour aller dans l’autre) à l’étage.

1883 A son arrivée le nouveau curé Achille Serre constate «… Tout a changé de face depuis un an. Le presbytère s’est agrandi et embelli ; l’église s’est ornée, de façon à ne le céder en rien comme propreté et comme richesse aux églises voisines …» le 9 septembre. Installation d’un nouveau chemin de croix.

1884 le 22 mars. Le conseil de Fabrique demande l’autorisation de vendre la rente d’Etat donnée par Joseph Jouvenel quelques années auparavant, pour refondre la cloche et refaire le clocher urgemment. La cloche a été bénite le 18 mai 1884.

1885 Cette date est inscrite sur le vitrail de la Chapelle de la Vierge et représente un thème classique « la Vierge écrasant le serpent ». La date est marquée après le nom du Maitre Verrier : F MARTIN 1885 en bas à droite. Elle correspond à la date de fabrication du vitrail et non à la date de la mise en place de celui-ci.
Il est intéressant d’apprendre que c’est un don du Baron de Baumefort. Car c’est un descendant de la famille d’Odol de ST Christol hameau de St André d’Olérargues.

eglise.

1886 au mois d’aout. Tous les ossements de l’ancien cimetière ont été enlevés, la terre a été tamisée pour ne pas en oublier et ils ont été transférés dans le nouveau cimetière « dans leur dernière sépulture avec honneur et solennité ».

1893 C’est l’année de la construction ou de l’agrandissement de la Chapelle de la Vierge. Nous allons étudier dans le chapitre suivant les documents en notre possession sur ce sujet.



Les plans Projets de modifications de l’église

Il existe deux plans en assez mauvais état, archivés à la mairie, qui sont des plans de construction de la sacristie et de la Chapelle de la Vierge, ils datent de 1893.

Le premier plan est réalisé sur papier calque faisant apparaître en couleur les travaux de modification prévus.
On peut apercevoir sur la vue en plan le tracé de la sacristie en rouge ainsi que la Chapelle.
On aperçoit aussi comme en filigrane de couleur légèrement ocre une variante d’une sacristie plus étroite et d’une Chapelle différente se prolongeant le long du mur ouest en direction du nord.
Sur la vue en coupe transversale on distingue sur la droite, toujours en rouge la partie qui devait être ajoutée.

Que nous apprend ce plan ?

- Que de grands travaux d’agrandissement étaient envisagés.
- Que la sacristie qui existait et que l’on voit sur le plan cadastral de 1833 a disparu de ce projet, remplacée par une pièce plus spacieuse.
- Que la réalisation qui a été faite en définitive ne correspond pas à ce plan.
- Que le dessin représente le plafond de la chapelle, en voûte, alors qu’il a été construit plat.
- Que le plan de la chapelle était prévu, comme la Chapelle St Joseph, en arrondi mais qu’elle a été construite en murs droits.
eglise.----eglise.

Vue partielle en plan de la sacristie _____________________ Vue en coupe transversale de l’église.
et de la Chapelle de la Vierge.

Le deuxième plan est une photocopie d’un dessin représentant l’église vue en plan. Il est beaucoup plus conforme à la réalité. Soit c’est un plan représentant un autre projet d’agrandissement, soit c’est un plan de mise à jour de ce qui finalement a été réalisé.

Que nous apprend ce plan ?

- Que la sacristie initiale est toujours en place. On y voit dessiné l’ancienne porte d’accès qui a disparu après l’ouverture du mur pour la chapelle. - Qu’une autre ouverture menant à la sacristie a été réalisée. - Que la chapelle construite rectangulaire a empiété sur la sacristie initiale en supprimant son mur ouest.
eglise.

C’est donc un plan représentant la réalité que l’on peut comparer avec le plan ci-après exécuté d’après les relevés réalisés récemment.

eglise.

Document concernant la bénédiction de la Chapelle de la Vierge.

Il a été retrouvé dans une anfractuosité des pierres de la Chapelle de la Vierge lors de réfections de 1970, un document de quatre feuillets pliés ensemble en 32 fois, qui aurait dû être laissé en place puisque c’était le but de ceux qui l’avaient mis. Mais il a été retiré et conservé dans les archives paroissiales.

Que dit ce document :

« Souvenir de la bénédiction
De la Chapelle
De la Sainte Vierge
13 octobre 1893
L’abbé Emanuel Henri Curé
Madame Léonie Henri, née Courcel
Sœur Mechthilde
Sœur Honorat »

Suit une liste de noms :

eglise.-eglise.

Tout d’abord la liste de la Congrégation des enfants de Marie puis les noms des élèves de l’Ecole Chrétienne de Fille et enfin les Noms des Familles participants.

eglise.-eglise.

Ceci nous apprend que la Chapelle de la Vierge a été construite, dans l’état ou elle se trouve aujourd’hui, en 1893 et bénie le 15 octobre de la même année.
Un autre document archivé en Mairie nous apprend aussi que les plans ont été réalisés en Juillet 1893 et approuvés par le préfet de Nîmes le 5 Aout 1893.

REPERES CHRONOLOGIQUES du XIXe Siècle

1833 Cadastre napoléonien : pas de chapelles latérales, présence d’une première sacristie. Le presbytère est plus petit.

1846, recensement de population Joseph Jouvenel 48 ans marié à Delphine 37 ans. Le donateur de la chapelle de St Joseph.

1833 et 1846 les chapelles de la Vierge et de St Joseph n’existaient pas encore.

1861 Réfection du pavé, bancs et rampe à la tribune, remplacement des bancs par des chaises dans l’église.

1866 Projet de Fonts Baptismaux

1867 Création du nouveau cimetière.

1872 Décision d’agrandir l’église par la construction d’une chapelle latérale Chapelle St Joseph. Suite à un don de paroissien pour la somme de 1234.05 F (Joseph Jouvenel)

1876 Don d’une rente d’Etat donnée par Joseph Jouvenel. Il aurait alors 78 ans. C’est sans doute un don par héritage à sa mort.

1879 Réfection du toit de l’église et de la sacristie.

>1880
1881 Réfection et agrandissement du presbytère.

1882 Réfection des peintures.

1883 Installation d’un nouveau chemin de croix.

1884 Vente d’une rente d’Etat de 976 F donnée par Joseph Jouvenel en 1876. Achat et Bénédiction d’une nouvelle cloche.

1885 Vitrail de la chapelle de la vierge. Don du Baron de Beaumefort qui était le fils ou petit fils de Louise Marie d’Odol de St Christol.

1886 Enlèvement de l’ancien cimetière entourant l’église. Transfert des ossements jusqu’au nouveau cimetière.

1888 Création de l’école de filles.

1893 Projet de création d’une chapelle latérale, accord du préfet le 5/08/93 Bénédiction de la chapelle de la Vierge le 15/10/93.

CONCLUSION

Par-delà ses modifications, l’église garde toutes les potentialités qui lui furent conférées au départ. Nos yeux trop habitués aux images spectaculaires et intoxiqués de sollicitations multiples, s'ils discernent encore le beau, ne savent plus voir l'essentiel, c'est-à-dire le projet initial.

Réjouissons-nous que la notion de beauté subsiste au plus profond de chacun de nous, car elle constitue la meilleure garantie de "survie" et de conservation des œuvres, au moins aussi longtemps que les critères du beau n'évoluent pas, ou que des considérations utilitaires voire des idéologiques primaires ne prennent le dessus.

L’art actuel Contemporain (dit « comptantpourrien ») ne nous pousse pas à être optimistes dans ce domaine.

Ainsi, lorsque à la fin du XIX° siècle ses propriétaires ne virent en l'église de Cluny qu'une formidable réserve de pierres à bâtir et non plus l'un des plus extraordinaires édifices romans qu'ait porté cette terre, tout était consommé, on fit exploser la façade et le grand portail. L'abbaye servit de carrière de pierres jusqu'en 1813 pour les maisons du bourg. Seule l'énergie du désespoir dont firent preuve quelques clunisiens permit de sauvegarder pour les générations futures les vestiges encore visibles.

Forme-beauté, forme-objet, comment retrouver l'essence des choses à travers ce que nous livrent nos regards ?
Les difficultés sont multiples, la plus importante tient d'ailleurs au fait que nul, à priori, ne sait ce qu'il doit chercher, nul ne sait lire dans un livre "fermé".

Le plus difficile est d’ouvrir le livre.




__________________________________________________________________________________________________________________

Si des personnes possédent des documents et des informations concernant le patrimoine de Saint André d'Olérargues et qui acceptent de nous les communiquer afin de compléter ce site, Nous les remercions par avance de se faire connaitre.



Pour nous contacter.

Contacter directement le secrétariat de Mairie mairie.saintandredolerargues@gmail.com

Contacter l'administrateur du site contact@mairie-saintandredolerargues.fr



Bonne navigation.



Quelques sites concernant le village.



logo midilibre logo ecole logo archives logo site




Place_du_courton

Vue depuis la place du Courton en 1980


____________________________________________________________________________________________________________________________________

Informations légales © Ville de Saint André d'Olérargues.